La fonte, le foncier et les monnaies locales selon Rudolf Steiner

À méditer !

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Le foncier est un droit et non une marchandise

Conférence du 2 mars 1919 à Dornarch (GA 189)

On est justement en dehors de la réalité quand on croit aujourd'hui pouvoir échanger non seulement une marchandise contre une autre, mais une marchandise contre de la force du travail humain, comme dans le rapport salarial. Et aussi lorsque l'on croit qu'une marchandise ou son représentant, l'argent, peuvent être échangés contre ce qui ne peut pas être une marchandise, le foncier par exemple, aussi longtemps que celui-ci n'est pas transformé par l'être humain. À partir du foncier, des objets du processus économique sont créés par l'activité humaine. Mais le foncier comme tel ne peut pas être un objet du processus économique.

En rapport avec la signification du foncier dans l'organisme social vient en considération que telle ou telle personne a un droit d'utiliser et de travailler ce sol exclusivement. Ce droit sur le sol est ce qui a une réelle signification pour l'organisme social. Le sol lui même n'est pas une
marchandise, c'est à partir de ce sol même qu'apparaissent des marchandises. Et ce qui entre en action ici, c'est le droit que le possesseur a sur le foncier.

Si alors, en l’achetant, cela signifie, par échange vous recevez une parcelle de foncier. Vous recevez en réalité un droit. Cela signifie : vous échangez une chose contre un droit comme c'est donc finalement le cas lors de l'achat d'une patente.

Là nous saisissons profondément l'amalgame funeste de ce qui est du pur état de droit, avec la vie économique. Pour cela il n'existe pas d'autre guérison que la séparation de l'un et de l'autre. On doit laisser s'administrer la vie économique pour elle même, dans la pure production de marchandises, circulation de marchandises, consommation de marchandises. Cela signifie que tout ce qui se rapporte à des rapports politiques doit avoir une relative
autonomie à côté de la vie de l'économie."


L'argent fondant 1/2

Conférence du 30 novembre 1918 à Dornarch (GA 186)

Il y a dans l'ordre social d'aujourd'hui quelque chose d'extrêmement contre nature, c'est le fait que l'argent se multiplie quand on ne fait que le posséder, on le dépose dans une banque et on reçoit des intérêts. C'est ce qui peut exister de plus contre nature.

Le mouvement intervenant dans la structure sociale deviendra un mouvement naturel quand les circonstances feront que le seul argent, qui n'est rien d'autre qu'un certificat attestant que l'on a un certain pouvoir sur les forces de travail des hommes, perdra sa valeur au bout d'un certain temps s'il n'est pas mise en circulation.

Il ne se multipliera donc pas mais diminuera progressivement et ne vaudra plus rien au bout de 14 ans ou peut-être davantage. Si vous êtes millionnaire aujourd'hui, dans quatorze ans vous ne serez pas deux fois millionnaire, mais un pauvre diable si dans l'intervalle vous n’avez
fait aucune acquisition nouvelle.

Lorsqu'on dit ces choses aujourd'hui cela fait aux gens le même effet que lorsque certaines petites bêtes leur causent des démangeaisons, si je puis me permettre l'expression. Je le sais et je n'aurais pas fait cette comparaison si je n'avais pas perçu des mouvements curieux dans l'auditoire, mais c'est bien parce qu'on réagit ainsi aujourd'hui que le bolchévisme existe. Cherchez les véritables causes, c'est là que vous les trouverez. Et vous ne chasserez pas de l'univers ce qui apparaît là, autrement qu'en acceptant de regarder la vérité en face.

Que celle-ci soit désagréable ne change rien à l’affaire. Et un des points essentiels de l'éducation de l'humanité actuellement et dans un futur proche, consistera à ne plus croire que les vérités peuvent bouger selon les jugements subjectifs, les sympathies et antipathies subjectives.

La science de l'esprit, si elle est appréhendée par la saine raison humaine peut cependant déjà y veiller.


L'argent fondant 2/2

Conférence du 4 août 1922 à Dornarch (GA 340|1)

Admettez maintenant que vous ayez à coeur de faire vieillir l'argent. Vous avez en main une pièce de monnaie, peu importe la matière dont elle est faite, ni même son année d’émission, admettons 1910. Vous avez également en main une autre pièce de monnaie émise en 1915, cette pièce a été frappée en 1915 pour être mise en circulation à ce moment. Supposez qu'elle subisse le sort des autres marchandises et que par des mesures adéquates et raisonnables elle se dévalue au cours du temps. Supposez que cette pièce ait perdu toute valeur d’échange dans le circuit économique en 1940. Ainsi cette pièce n'aura une certaine valeur que pendant la période de 1915 à 1940. Cette valeur, nous pouvons la déterminer comme nous allons le voir plus loin. Si l'argent perd toute sa valeur au bout de 25 ans, celui de 1910 sera
complètement dévalorisé en 1935. Peu importe les dates, elles sont arbitraires et sans importance. Si je possède de l'argent, je dois lui attribuer une certaine propriété, celle d'avoir un âge. Cet argent de 1910, plus vieux, mourra avant celui de 1915. Vous pouvez objecter bien sûr : quel programme !

Et bien non, ce que je vous explique en ce moment n'est pas un programme, mais la réalité. Ainsi le veut le processus économique, c'est son oeuvre que l'argent vieillisse. Ce n'est qu'un masque que prend l'argent lorsqu'il semble ne pas vieillir et lorsqu'on peut encore faire des achats en 1940 avec l'argent de 1910.

En réalité on n'achète pas avec cet argent mais avec une valeur fictive de cet argent.


L'égoïsme des monnaies locales

Conférence du 14 avril 1919 à Dornarch (GA 190)

Oui mes chers amis, voudriez vous recourir à la pire des solutions, instaurer une secte économique, en formant dans le cadre de notre société anthroposophique une économie communautaire qui nous entoure ? Comprenez-vous que nous ne pouvons pas négliger le milieu dans lequel nous vivons en nous repliant sur nous-mêmes d'une manière égoïste, même s'il s'agit d'un égoïsme de groupe. Vous entretenez bien des relations économiques avec toute l'économie de votre pays, vous recevez votre lait, votre fromage et vos légumes d'un corps économique, dont vous ne pouvez pas vous abstraire.

Vous ne pouvez pas réformer les moeurs de votre époque en vous isolant par rapport à elles. Toutes ces idées sur la question sociale sont trop globales pour ne pas être prises au sérieux. Nous ne devons pas les laisser traîner dans le domaine du sectarisme où elles ne manqueraient pas de s'embourgeoiser petitement. Nous devons y penser sans perdre de vue, à l'arrière-plan, l'intérêt de toute la communauté humaine.

Voilà ce qu'on peut dire de ces propositions et de leur développement sur le plan économique. Gardez vous donc de vouloir mettre en place une économie de groupe, bien égoïste. Vous ne manqueriez pas dans cette tentative de perdre tout contact avec la réalité, qui doit tenir compte, elle, de la formation inévitable de circuits économiques mondiaux.

Où est dans ces conditions notre devoir, basé sur la pratique véritablement réalisable ?

Nous devons répandre nos idées, nos explications, nos raisonnements, et surtout mes chers amis, inverser la manière de raisonner de nos concitoyens. Cet appel je l'adresse à chacun de vous en particulier. Répandez nos explications destinées à éclairer le jugement. Ne pensez pas à introduire telle ou telle réforme illusoire. Expliquez où est l'erreur, mais faites le en recourant aux enseignements les plus larges, d'une portée universelle.

Les hommes doivent changer dès à présent leur mode de pensée. Ils doivent ressentir autrement les choses au fond de leur âme.


L’Économique, le Juridique, le Spirituel

Pour un organisme social tri-articulé

Troisième Partie : “Le foncier, l’épargne et le droit” [63 mn]

  • Le foncier n’est pas une chose de l’économique.
  • Pourquoi la terre n’est-elle pas une marchandise ?
  • Confusion entre droit d’usage et achat/vente du foncier.
  • Problème de l’épargne.
  • L’argent immortel finit par tricher.
  • olutions pour y remédier.
  • Dangers des solutions économiques sectaires comme les monnaies locales.

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