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L’Économique, le Juridique, le Spirituel -- L'argent --

Courte synthèse de la première partie du documentaire sur la tri-articulation de l'organisme social de Bernard Bonnamour.
L’Économique, le Juridique, le Spirituel -- L'argent --

L’Économique, le Juridique, le Spirituel

Pour un organisme social tri-articulé

Première Partie : “L’argent et l’économie” [57 mn]

  • Qu’est-ce que vraiment l’argent ?
  • Idées fausses sur l’argent.
  • Argent comme instrument de mesure des valeurs économiques.
  • L’argent n’est pas une marchandise.
  • L’argent qui fait de l’argent, une tricherie qui engendre un mal social grave mais banal.

Petite synthèse de la partie 1 du documentaire

L’argent est avant tout un concept, une idée. De nature spirituelle, il ne porte en lui-même aucune valeur matérielle, ne produit rien par lui-même et n’est en aucun cas une marchandise que l’on pourrait vendre ou acheter. On ne peut en vivre. Mais grâce à la liberté qu’il apporte, il est un levier pour la créativité de l’individu.

L’argent est autant un intermédiaire qui favorise les échanges de valeurs que la contre-partie du fruit du travail accompli par chacun pour le besoin des autres. En cela, il est un moyen de devenir actif dans le monde. Témoin de la circulation des valeurs économiques, il est, quand il est considéré dans sa globalité, la somme de toutes les valeurs économiques à un moment et lieu donné. Néanmoins, l’argent, parce que lié au travail, est un instrument de pouvoir qui se manifeste par l’usage d’une convention : la monnaie.

Contrairement à ce que l’on pense, la monnaie n’est rien d’autre qu’un droit à consommer lié par des lois et règles que l’État a la charge de faire respecter.

Le flux permanent de l’argent, qu’il soit pour payer ses dettes ou recevoir des créances, rend impossible de retrouver concrètement la valeur économique dont la monnaie est le miroir. Cette impossibilité amène alors à un formidable oubli qui nous fait penser que ce qui reste sur notre compte est une « chose ». Et c’est sur ce terreau qu’apparait un certain nombre de pratiques rendant malade notre société.

Ces pratiques vont alors avoir pour principal effet de multiplier l’argent sans que la création de valeur suive. L’équilibre entre la somme de l’argent en circulation et la volume des valeurs est rompu ce qui a pour conséquence directe une pression permanente sur les prix dont les premières victimes sont les consommateurs.

- Le marché des devises

Imaginez un courtier, il pense que l’euro va subir une dévaluation dans quelques jours, il investit alors 10 millions d’euro en livres Sterling. Deux jours plus tard, l’euro perd 10 % de sa valeur, il ramène ses 10 millions d’euro dans la zone euro et se retrouve alors avec 11 millions d’euros. De quoi est la contre-partie de ce million qui s’est ajouté artificiellement ? En augmentant artificiellement le volume de l’argent, on exerce une pression sur les prix des valeurs qui, elles, n’ont pas augmentées. Et ce sont, en dernière instance, les consommateurs qui vont devoir payer.

- Les banques

On entend souvent sur internet un discours alternatif sur les banques qui critique la pratique de la création monétaire ex-nihilo. En réalité, la création monétaire n’est pas un processus réellement ex-nihilo. La banque peut prèter de l’argent parce qu’elle estime qu’une création de valeur va apparaître à plus ou moins long terme. Cette monnaie peut être caractérisée comme une monnaie de financement orienté vers le futur et ne déséquilibre pas le rapport entre l’argent et les valeurs en circulation puisque l’argent du prêt est détruit au fur et à mesure qu’il est remboursé. L’activité qui aura été financé devient par la suite financièrement autonome par la production et la vente des valeurs faisant par conséquent augmenter naturellement le volume de l’argent. L’équilibre entre l’argent et les valeurs est, du début à la fin du processus, conservé.

En revanche, la pratique des intérêts déséquilibre ce rapport puisqu’ils ne renvoient à aucune création de valeurs mais contribue fortement à penser que l’argent est une marchandise comme une autre qui aurait la particularité de se multiplier. En conséquence de cette pratique vient le fait que plus on a de l’argent, plus on en a et plus les gens doivent travailler pour gagner de moins en moins. L’argent aspirant l’argent se concentre en très peu de mains. Actuellement, entre 30 et 40% du prix d'une marchandise correspond uniquement à payer les intérêts. On dit alors que l’argent travaille mais ce travail, en réalité, désagrège peu à peu l’ensemble du domaine économique.

Le Pfenning de Joseph

L’exemple du Pfenning de Joseph illustre parfaitement le rôle des intérêts dans notre société.

Les intérêt non-composés :

Si Joseph place 1€ sur un compte rémunéré à 3 % / an et que les intérêts percus sont placés sur un autre compte, au bout d’un an, Joseph aura perçu 3cts d’€ d’intérêts. Après 20 ans, il aura gagné 1,81€, après 200 ans, 7€ et après 2000 ans, 61€ d’intérêts. 2000 ans après, le poids de la création monétaire (61€) provenant des intérêts est encore trop minime pour perturber la société dans son ensemble.

Les intérêts composés :

Joseph place toujours 1€ sur un compte à 3 % / an mais dont les intérêts sont versés sur le même compte. Au bout d’un an, Joseph aura gagné 3cts d’€, il a donc sur son compte, 1€ + 3cts d’€, soit 1,03€, nouvelle somme sur laquelle les intérêts vont travailler. L’année suivant, Joseph gagne alors 3% de 1,03 €, il a sur son compte 1,03 € + 3,1cts d’€, soit 1,061 cts d’€, nouvelle somme sur laquelle les intérêts vont travailler. Au bout de 20 ans, Joseph gagnera 1,81€. Mais, si ses héritiers conservent ce compte, après 200 ans, le somme s’élève à 369,4€ et après 2000 ans, à 47 255 178 755 831 000 000 000 000€. On constate avec le temps une évolution exponentielle de la création monétaire provenant des intérêts, évolution correspondant à rien de naturel et dont le seul exemple que l’on pourrait trouver au sein de la nature est celui du cancer. En comparant avec le PIB mondial de 2018, on remarque que ce que perçoit les descendants de Joseph avec un capital de 1€ sur un compte à 3 % est, au bout de 2000 ans, 280 000 fois supérieur au PIB mondial de 2018 cumulé 2000 fois...

Nb d’années Taux intérêts non-composés intérêts composés PIB mondial de 2018 * nb d’années
1 3% 1,03€ 1,03€ 84 740 000 000 000
2 3 % 1,06€ 1,061€ 169 480 000 000 000
10 3 % 1,3€ 1,34€ 847 400 000 000 000
20 3 % 1,6€ 1,81€ 1 694 800 000 000 000
200 3 % 7€ 369,36€ 16 948 000 000 000 000
2000 3 % 61€ 47 255 178 755 831 000 000 000 000€ 169 480 000 000 000 000

Formule : Cn = Co.(1+i)n

  • Cn = valeur acquise au terme de n années de placement
  • Co = Capital placé initialement
  • n = durée du placement
  • i = taux d'intérêt pour une période.

Conclusion

Dernière chaque pièce, chaque billet, se cache inéluctablement quelqu'un qui a travaillé - soi-même ou quelqu'un d'autre - ou qui a le pouvoir de faire travailler. Ainsi gagner de l'argent sans produire de valeur consiste à faire des autres ses esclaves pour son propre intérêt.

Je vous mets aussi en ligne les extraits de Rudolf Steiner utilisés au court de la première partie de ce documentaire. Je vous invite à les imprimer pour les relire tranquillement et méditer sur la portée sociale de ces propos.

extraits

Le pouvoir secret de se multiplier qui a été conféré à l’argent est un des impératifs les plus puissants du monde moderne ; il est implicitement reconnu par tous. Comme ce pouvoir repose sur un erreur non reconnue, il éveille les passions les plus primitives. La sensation de bien-être la plus profonde s’en nourrit, lors même qu’elle croit devoir son existence aux croyances, aux idéaux, aux valeurs. Dès que ce pouvoir vient à vaciller, c’est la panique. Instinctivement, celle-ci éveille le manque d’égards, la brutalité. Comme l’argent ne « vieillit » pas par nature comme les marchandises, sa valeur devient illusoire. Mais en voulant dissimuler cette illusion derrière le rapport d’intérêts, on lui asservit toutes les forces productives de l’homme. Dans l’âme, ce fait est vécu, en général inconsciemment, comme un gouffre insondable, un vide qui aspire. Ce gouffre, ce vide qui engloutit, c’est cela, Mammon.

L'argent, l'or et la conscience de Gérard Klockenbring