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La vidéo à 200 Millions de...

La vidéo à 200 Millions de...

Souvenez-vous, la semaine dernière, un informaticien allemand travaillant à San Francisco, nommé Sefan Thomas, a perdu son mot de passe qui aurait permis de débloquer plus de 7000 bitcoins, soit au taux de change actuel, plus de 200 millions d'$...

Après une brêve recherche, j'apprends que ces bitcoins reçus proviennent tout de même d'un travail effectué.

En 2011, alors qu'il vivait en Suisse, il a reçu les 7 002 bitcoins d'un ancien fanatique de bitcoins comme récompense pour avoir réalisé une vidéo animée, "Qu'est-ce que Bitcoin", qui a initié de nombreuses personnes à cette technologie.

The New York times

Voici le fruit de son travail :

Une belle vidéo avec plein d'images pour nous expliquer ce qu'est le bitcoin.

Belle ironie du sort.

Première morale de l'histoire : Penser que les informaticiens comprennent forcement ce qu'ils font peut être une erreur et ceci même lorsqu'il s'agit d'informatique.

J'ai essayé de retrouver la valeur du bitcoin en 2011 mais ce fut impossible tant la valeur fluctuait (le cours flottait entre 0,3 $ et quasiment 30 $ le bitcoin)

Quand on sait que l'argent est une unité de mesure, on comprend pourquoi on vit dans une crise perpétuelle...
Imaginez le charpentier commander 40 mètres linéaires de chevrons. Le jour où il vient chercher sa commande, on lui en donne 30 mètres. Le cours a changé entre temps, bien évidemment ! Il se retrouve donc à bricoler une charpente avec moins de bois que prévu...

Je suis donc parti du principe qu'il a été récompensé après la mise en ligne de sa vidéo, soit après le 22 mars 2011. Le cours gravitait alors entre 0.85$ et 29.6$ le bitcoin la même année. Résultat des courses, Sefan Mankdebol aurait été payé entre 6000$ et 200 000$ selon la date choisie en 2011. C'est tout de même pas mal pour une vidéo qui dure moins de deux minutes.

Mais passer de 6000$ à 220 000 000$ en dix ans démontre que notre système monétaire est aussi fiable qu'un logiciel écrit par microsoft. Et pourtant pas un seul article sur l'abération manifeste que génére ce genre d'histoire. Non, non, on plaint tous en choeur notre Stefan Mankdebol international sans même s'interroger sur l'aspect purement monétaire de l'opération. Il ne s'agit pas de dire que c'est immoral mais d'admettre au moins que de telles opérations de change ont forcément un impact économique négatif sur chacun d'entre nous.

Cours du bitcoin entre 2011 et 2021

Alt


J'avais converti, lors du précédent article, les 200 millions de $ en travail de 250 personnes pendant 50 ans (à temps plein et au smic) mais comme ce travail est dilué sur l'intégralité de la population, on ne l'aurait bien évidemmment pas ressenti.

Sauf que... il n'est pas le seul à vouloir convertir des valeurs artificielles en marchandises bien réelles (la loi le permet voyez-vous...) On constate ainsi que ce type d'opérations financières falacieuses1 mais légales, celles qui consistent à transformer le vide en richesse, pèsent à hauteur de 50% du prix final de nos marchandises2.

Autrement dit, à chaque fois que l'on achète un bien ou service, 50% du prix permet de financer ces valeurs artificielles, ce qui signifie que l'on pourrait payer nos marchandises 50% moins cher et être rémunéré 50% plus (ou bien travailler deux fois moins) sans que nous ayons à faire quoique ce soit si ce n'est de changer... le droit3 !

Certains ont essayé de le remettre en question mais se sont rapidement retrouvés de l'autre côté du seuil. Thomas Sankara, président du Burkina Faso de 1983 à 1987, fut l'un d'eux. Il a été assassiné 2 mois et demi après avoir tenu ce discours.

Extrait du discours du capitaine T.Sankara lors du sommet des états africains à Addis Abéba le 29 juillet 1987

La dette c’est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en ” assistants techniques “. En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des ” bailleurs de fonds “. Un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le “bâillement” suffirait à créer le développement chez d’autres.

29 juillet 1987, sommet de l’OUA


On attaque facilement l'extravagante richesse4 des Bill Gates et consort qui, de surcroit, en profitent pour dessiner le monde à leur image. Cependant, on évite tout naturellement de penser dès qu'il s'agit de nous, de nos propres concepts qui sculptent nos représensations elles-mêmes traduites en droit par des lois bien concrètes.

Finalement, Les Gates, Tesla, Biden, Macron, ne sont que des symptômes de nos représentations qui agissent dans le monde, ni plus, ni moins. Et nous ?... Nous en sommes les victimes, pas des Gates mais de nos représentations.

Chacun à notre mesure, prenons conscience de nos actes et les lois suivront.

Soyons les seigneurs de nos idées et ne nous laissons plus dominer par nos propres concepts.


Notes :

1 : par la pratique des intérêts (dont la dette publique est l'exemple par excellence - l'impôt sur le revenu permettant tout juste de payer le service de la dette, comprenez les intérêts de la dette...), la spéculation et ses différentes déclinaisons, le marché du foncier ou de l'immobilier, etc, etc.

2 : Les chiffres (tirés du livre Libérer l'argent de l'inflation et des taux d'intérêts de Margrit Kennedy, p.28) datent des années 90, j'imagine qu'actuellement nous sommes bien au-delà de 50%.

3 : la volonté de remettre en question le système de la dette et des intérêts est un des seuls indicateurs valables pour déterminer si un homme politique travaille pour soi ou pour son peuple.

4 : la richesse totalement démésurée des Gates ne peut s'expliquer que par l'absence de morale de ces acteurs soutenus par le droit monétaire déconnecté de toute réalité économique.