#3 - L'économie, un exercice d'amour !
Rappel
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L'argent n'a aucune valeur. Il n'est pas une marchandise et ne fait pas partie du processus économique. Il représente un indice commun de comparaison qui facilite les échanges de valeurs économiques ce qui en fait également un témoin de la circulation des biens et services. Détourné de sa véritable nature, l’argent devient un instrument de pouvoir illimité alors qu'il n'est en réalité qu'un droit à consommer.
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Il est, par ailleurs, la contre-partie du fruit du travail présent ou futur de quelqu'un mais il ne peut se multiplier. Quand on prétend le faire (grâce aux intérêts par exemple), on retire de l'argent à une personne qui a travaillé pour en donner à une autre qui n'a pas travaillé. Ceci revient à faire de son prochain un esclave.
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L'or, en dehors de son utilité pour la fabrication de certaines marchandises, n'a aucune valeur économique. C'est en réalité une illusion de la considérer comme une "valeur refuge" ou "réserve" sur laquelle se reposerait l'économie.
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L'argent, pris dans sa globalité, est la somme de toutes les valeurs économiques à un moment et lieu donnés.
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Depuis la généralisation de la division du travail avec la révolution industrielle, une partie de la solution pour rendre la société saine repose sur notre capacité à faire vivre la fraternité au sein de l'économie. Pour cela, il est nécessaire, parmi d'autres actions, d'abandonner nos critères abstraits de détermination du salaire et de séparer rigoureusement le travail de la rémunération.
Nous avions abordé précédemment le caractère illusoire des critères de rémunération qui, bien souvent, sert aux détenteurs de capitaux à orienter l'argent selon leurs desiderata sans que personne ne s'en rende compte car trop occupé à comparer son salaire avec celui de son collègue. Essayons de voir à présent en quoi l'orientation de notre esprit vers l'argent ou bien vers le travail peut influer sur la qualité du produit.
La Chrématistique
Du travail vers la rémunération
Comme nous l'avons écrit précédemment, la finalité de toute activité économique est de répondre aux besoins des autres, mais travailler pour son argent, c'est-à-dire pour soi, ce n'est pas travailler pour les autres. C'est justement oublier ce pour quoi nous travaillons, que de travailler pour soi, et en travaillant pour soi nous finissons par travailler contre les autres, soit exactement l'inverse de ce pour quoi nous étions censés travailler.
L'entreprise n'est que la manifestation d'un groupe d'individus qui ne travaille que pour lui-même. Faire la guerre à ses ennemis (ou plutôt concurrents), où tous les coups sont permis, que cela soit légal ou non, est considéré comme une normalité. La fraude se retrouve alors rapidement être la norme sur un terrain où la loi est un frein pour conserver ou conquérir des parts de marché. Le premier qui passe outre le règlement sans se faire prendre se retrouve rapidement au-dessus du lot, les autres devront alors faire de même pour rester en lice.
Le dieselgate, avec Volkswagen, est l'un des derniers exemples connus qui démontre que la conquète de nouvelles parts de marché peut se faire au détriment de la loi.
Quant aux autres constructeurs, ils ont préféré frauder légalement en usant de leur créativité pour profiter au mieux des vides juridiques des tests d'homologation de leur modèle.
Notre représentation de l'économie et la façon dont nous la faisons vivre créent un véritable cercle vicieux où chacun se retrouve être l'ennemi de son prochain. Mais dans un monde où l'être humain se considère dès le plus jeune âge, par le biais de l'éducation et des médias, comme un loup pour l'homme, la concurrence apparaît comme un phénomène aussi naturel qu'une averse !
Le livre Vous êtes fous d'avaler ça !, de Christophe Brusset, illustre parfaitement la logique moderne de l'économie où l'objectif, dans son domaine d'expertise - l'agro-alimentaire - n'est plus de nourrir les autres, mais de vendre un produit à un prix sur un marché permettant de se faire le plus de marge.
"Ce n'est pas parce que la marchandise est de mauvaise qualité que nous sommes mécontents. Ce qui nous empêche de dormir, c'est d'avoir payé trop cher ! Car, même pour ces concentrés de tomates pourries, il y a un prix de marché et un débouché. Ou plus exactement un prix et des marchés"
Les entreprises pharmaceutiques vont même plus loin en intégrant dans leur business model, le coût des procès de personnes subissant les effets secondaires de leurs médicaments. Elles sont ainsi prêtes à vendre des produits en risquant la vie de leurs propres consommateurs. La logique de l'appât du gain tend manifestement à se situer au-dessus des lois et de la vie des autres !
Ainsi, l'une des conséquences de cet état d'esprit qui se résume à travailler pour soi est la qualité de plus en plus mauvaise du fruit du travail, car l'objectif premier d'une entreprise, celui de couvrir un besoin en proposant un bien ou service, est substitué par sa contrepartie : l'argent.
L'important n'est plus le produit mais le prix !
Je laisse notre Attali national nous résumer ce constat sous une forme humoristique.
L'économie de la concurrence
La concurrence est souvent l'argument massue car sans elle, dit-on, les entreprises ne chercheraient pas à proposer de "meilleurs" produits à des prix compétitifs. L'obsolescence programmée, utilisée par nombre d'entreprises pour enchaîner le consommateur dans un marché captif, réduit cependant à néant ce type d'argumentaire peu soucieux de la réalité du terrain.
De même que les critères de rémunération sont une illusion, la concurrence est un formidable outil d'éducation pour donner l'illusion à chacun d'entre nous que le combat en économie donne toujours de meilleurs résultats que l'entraide. Mais si l'on en croit Albert Jacquard, la concurrence mène, au contraire, à la destruction de la société où l'élite selectionne non plus les compétents dans leur domaine mais les conformistes et arrivistes aux postes à responsabilité.
Objectivement, la concurrence permet à ceux détenant les clés de l'arène (du marché) d'occuper les petits à s'affronter pendant qu'ils peuvent, à leur convenance, modeler la forme que prendra le monde de demain. La crise du Covid19 illustre, d'ailleurs, parfaitement le propos où l'on est capable de détruire systèmatiquement des pans entiers de l'économie pour construire un autre monde en raisonnance avec l'idéologie des puissants.
Le dossier de la 5G est un autre exemple plus concret dans lequel aucun des critères économique, juridique, social, scientifique, médical, pour valider le lancement de la nouvelle technologie, n'a été coché. Et pourtant, toutes les entreprises concernées se lancent corps et âmes car "la socialisation des pertes et la privatisation des profits" est l'une des lois économiques qui est appliquée le plus souvent dans le système actuel.
L'économie de l'occupationnel
Là où la mécanisation, puis l'informatisation de l'économie, auraient pu donner lieu à une augmentation du temps libre sans baisse de pouvoir d'achat, le pouvoir a préféré créer deux phénomènes :
- le chômage structuel afin de faire jouer la concurrence sur le marché du travail. Les gains obtenus, provenant de la hausse de la productivité, sont alors orientés vers les détenteurs de capitaux plutôt que répartis entre tous les acteurs, des ouvriers au dirigeant.
- l'apparition d'activités rémunérées inutiles, voire nuisibles à la société, car tout automatiser, c'est prendre le risque de se trouver face à une masse de chômeurs incontrôlables. Il fallait donc bien trouver de quoi occuper tous ces gens...
David Graeber a nommé ce dernier phénomène le "Bullshit Jobs", qui, à en croire son livre, est en croissance continue (les graphiques présentés concernent les États-Unis et proviennent du livre en question).
Selon l'auteur, la majorité des jobs à la con provient du secteur d'activité de l'information qui est composé d'administrateurs, d'employés travaillant dans la finance, les assurances ou bien l'immobilier, ou encore d'informaticiens ou de simples employés de bureau (mais aussi d'enseignants et de chercheurs). Ce secteur a démarré sa croissance au cours des années 50 pour ne cesser d'augmenter, contrairement au secteur tertaire qui reste stable depuis plus d'un siècle !
Actuellement, le secteur de l'information n'est pas pris en considération en tant que tel, il est inclu dans le secteur tertiaire. Mais si le secteur tertiaire représente 80% du PIB en France, alors le secteur de l'information qui est composé majoritairement de jobs à la con et qui réalise la plus forte croissance depuis les années 50, doit très certainement représenter une part substantielle de ces 80% du PIB...
À travers ce developpement, vous pouvez constater deux aspects qui échappent à notre champ de conscience, tant cela paraît impensable.
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Le premier est que nous pourrions diviser par deux notre temps de travail sans baisse de revenu. En effet, supprimer tous les jobs à la con permettrait de réduire le temps de travail de ceux ayant une réelle utilité pour la société, grâce aux nouveaux arrivants libérés de leur job à la con...
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Le deuxième est que nous pourrions facilement obtenir une hausse de revenus (ou une baisse du temps de travail) si le système monétaire cessait de verser plus du tiers du prix des biens et services produits et achetés par nos soins aux mêmes aspirateurs de capitaux, pourvoyeurs de jobs à la con.
Il est donc déterminant de comprendre l'état d'esprit dans lequel nous travaillons. Pour quelle raison ? Dans quelle intention ? Parce que si nous travaillons tous pour gagner de l'argent, l'économie se transformera inexorablement en un monde où tout s'achète, tous se vend (même ce qui est inutile ou nuisible), humain y compris. Aristote appelle cette tendance la chrématistique qui correspond aujourd'hui à la marchandisation de tous les domaines de notre société.
Travailler pour son propre gain amène, à plus ou moins long terme, à un dysfonctionnement global de l’économie. Ce dernier se manifeste déjà par la hausse ou la baisse des prix dont les perdants sont tous les consommateurs qui, bien souvent, sont également producteurs !
Ces derniers vont alors devoir produire plus pour couvrir les mêmes besoins.
L'Économie
De la rémunération vers le travail
En revanche, être rémunéré pour travailler change l'état d'esprit de nos actes. Il suffit alors de fixer le niveau de rémunération en faisant abstraction du travail à effectuer, tout en se reposant sur la réalité des disponibilités financières de la société. On pourrait d'ailleurs tout à fait envisager deux formes de contrat, l'un pour le travail à effectuer et l'autre pour la rémunération.
Le regard se tournera naturellement vers l'autre et ses besoins. L'argent, dans ce cas de figure, permet au travailleur, parmi d'autres activités,...
de travailler.
Et le travail...
de répondre aux besoins des autres.
On remplace alors les diplômes, compétences, responsabilités et autres critères "grigri" pour fixer la rémunération par un seul :
La couverture des besoins
Ceci amène deux questions interdépendantes. La première est celle de la rémunération :
Comment fixer une rémunération ?
Et pour répondre à cette question, il est nécessaire de s’interroger sur
l'origine de ses propres besoins
Avant de continuer notre réflexion, je vous invite à prendre connaissance de cet article paru sur le site bastamag.net intitulé :
Salaire unique ou « salaire au besoin » : une coopérative boulangère repense la notion de rémunération
N'hésitez pas également à visiter le site de la lamarqueduconsommateur.com où ce ne sont plus les producteurs qui s'interrogent sur la rémunénation mais les consommateurs.
Bonne réflexion !
Le pouvoir secret de se multiplier qui a été conféré à l’argent est un des impératifs les plus puissants du monde moderne ; il est implicitement reconnu par tous. Comme ce pouvoir repose sur un erreur non reconnue, il éveille les passions les plus primitives. La sensation de bien-être la plus profonde s’en nourrit, lors même qu’elle croit devoir son existence aux croyances, aux idéaux, aux valeurs. Dès que ce pouvoir vient à vaciller, c’est la panique. Instinctivement, celle-ci éveille le manque d’égards, la brutalité. Comme l’argent ne « vieillit » pas par nature comme les marchandises, sa valeur devient illusoire. Mais en voulant dissimuler cette illusion derrière le rapport d’intérêts, on lui asservit toutes les forces productives de l’homme. Dans l’âme, ce fait est vécu, en général inconsciemment, comme un gouffre insondable, un vide qui aspire. Ce gouffre, ce vide qui engloutit, c’est cela, Mammon.
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