#1 - L'économie, un exercice d'amour !
- Préambule -
Il y a environ 100 ans, l'Europe sortait à peine d'une guerre mondiale aux lourdes conséquences. Rudolf Steiner proposa au cours de cette période la tri-articulation de l'organisme social, comme socle conceptuel commun permettant d'éviter qu'une nouvelle catastrophe encore plus grande ne se reproduise. Les responsables de l'époque n'eurent le courage de l'écouter, une seconde guerre mondiale éclata 20 ans plus tard.
Aujourd'hui, plus que jamais, les connaissances de la tri-articulation permettent encore d'éviter l'emprisonnement des esprits et d'échapper aux pièges de la guerre spirituelle en cours. Elles donnent des armes de pensée tout en échappant à la rigidité des concepts car reposant sur le caractère vivant de toutes choses provenant de l'humain.
La tri-articulation de l'organisme social, tel qu'elle a été décrite par Rudolf Steiner, n'est ni un programme politique, ni une doctrine, ni une théorie économique et sociale mais l'analyse de la société moderne, de ses maux et remèdes. Cette analyse repose principalement sur la compréhension vivante de concepts tel que l'État, l'économie ou le juridique dans ce qu'ils sont réellement et non dans de ce qu'ils devraient être à notre époque.
La métanoïa, concept philosophique signifiant "réorienter sa façon de penser" est ainsi, avec le courage, le seul critère à valider pour celui souhaitant s'aventurer sans filet au coeur de la réalité des phénomènes et événements.
À vos esprit !
Rappel
- L'argent n'a aucune valeur.
- L'argent n'est pas une marchandise et ne fait pas partie du processus économique.
- Il représente un indice commun de comparaison qui facilite les échanges de valeurs économiques.
- Il est un témoin de la circulation et des échanges.
- Détourné de sa véritable nature, l’argent devient un instrument de pouvoir illimité.
- La monnaie est un droit à consommer.
- Il est la contre-partie du fruit du travail présent ou futur de quelqu'un.
- Il ne peut se multiplier et quand on prétend le faire (grâce aux intérêts par exemple), on retire de l'argent à une personne qui a travaillé pour en donner à une autre qui n'a pas travaillé. Ceci revient à faire de son prochain un esclave.
- L'or, en dehors de son utilité pour la fabrication de certaines marchandises, n'a aucune valeur économique. C'est une illusion de la considérer comme une "valeur refuge".
- L'argent pris dans sa globalité est la somme de toute les valeurs économiques à un moment et lieu donné.
L'économie
L’économie repose sur trois aspects :
-la nature de laquelle provient toute valeur économique.
-Le travail qui transforme d’une manière ou d’une autre ce que la nature offre, créant ainsi une valeur
-l’esprit humain qui peut par exemple définir une nouvelle forme d'organisation de l'activité, de nouvelles compétences, etc.
Ainsi, la nature, le travail et l'esprit humain génèrent ensemble de la valeur, du surplus, du savoir-faire et du capital.
Exemple : Le cueilleur de pommes
- L'homme choisit un lieu où les pommes sont mûres.
- Il cueille des pommes.
- Il trouve un lieu où les vendre.
- Il transporte les pommes jusqu'au lieu de vente.
- Il vend ces pommes.
À chaque étape de ce processus économique, l'homme ajoute à son travail une plus-value :
Trouver un lieu où les pommes sont nombreuses et mûres pour la cueillete -> les cueillir facilement avec un minimum de perte -> Trouver un lieu idéal pour les vendre -> Les transporter au lieu défini -> Les vendre à un tarif permettant de les écouler facilement tout en bénéficiant d'une marge confortable.
Mais si le cueilleur de pommes se contentait uniquement d'en cueillir pour lui et ses proches, on ne pourrait parler de processus économique. On remarque alors, à travers cet exemple, que l’activité économique apparaît uniquement à partir du moment où la production dépasse les besoins du producteur (autrement nous pourrions qualifier l'activité d’autarcique).
=> le surplus est alors proposé aux autres parce que le producteur pense que cela répond à un besoin.
L'activité économique est toujours orientée vers l'autre jamais vers soi.
Mais avec la révolution industrielle et son corrolaire - le développement accéléré de la division du travail où les individus travaillent inéluctablement pour les autres mais jamais pour eux-même - l'économie manifeste aux yeux de tous sa nature fraternelle.
La fraternité, une loi d'airain de l'économie
L’économie est de fait solidaire par nature et sa santé dépend alors de l’extirpation de l’égoïsme des individus en son sein. Par égoïsme, j'entends le fait de penser que l'on travaille pour soi et donc, en dernière instance, pour l'argent que l'on en retire. Cette association confuse que l'on fait entre l'argent et le travail engendre de nombreux dysfonctionnements et une bonne compréhension de ces concepts est essentielle pour les éviter.
La tendance actuelle est souvent de s’attribuer, quand cela est possible, la plus grande part des bénéfices pour soi-même et cela même si les besoins sont déjà largement couverts. L'exemple ci-dessous démontre que ce n'est pas parce que l'on est l'origine d'une forte valeur ajoutée qu'il est sensé de s'attribuer la plus grande part des bénéfices.
Tim Sweeney (200ième fortune mondiale) est reconnu pour avoir eu l'audace et le talent d'avoir monté une société à haute valeur ajoutée et ceci lui permit d'amasser une très grande fortune.
Mais détenir un grande fortune ne permet pas d'acquérir les connaissances nécessaires au sujet de ses propres besoins. En effet, de son propre aveux, la maison de luxe qu'il s'est offerte ne répond pas à ce dont il a, selon lui, réellement besoin.
Associer travail et revenu amène bien souvent à des situations absurdes où certains ont tellement d'argent qu'ils en viennent à acheter des choses inutiles pour eux-même alors que d'autres en ont si peu (car accaparé par les premiers) qu'ils se trouvent obligés de cumuler des "boulots" pour joindre les deux bouts.
De ce triste constat, il est urgent de sincèrement s'interroger sur l'origine de cette absurdité :